Poésie
AU PAYS D'LA PIERRE BLEUE
Paroles d'Hélène SANTERRE
1
Au pays d'la Pierre Bleue,
Entre Grand-Jouan et Beaulieu
Caché à Saint Saturnin,
Vivait Yozan le p'tit lutin,
Vivait Yozan le p'tit lutin.
2
Des Mernais à la Ville Foucré,
Tôt le matin, Yozan musait.Grimace
Sous le chêne de Rouans,
A midi pile, il se reposait,
A midi pile, il se reposait.
3
Au château de Créviac,
Il conviait d'autres lutins,
Au menhir de Coisbrac,
Ils rencontraient l'enchanteur Merlin,
Ils rencontraient l'enchanteur Merlin.
4
Etonnée Au pays d'la Pierre Bleue,
Tout allait pour le mieux...
La Rout' Romaine fut remplacée,
Tandis qu'à Mérel, il somnolait,
Tandis qu'à Mérel, il somnolait.
5
A la Ville-au-Chef... les motos,
Du bi-cross à Mocque-Souris;
Pour cela, il se lave tôt
A la Fontaine de la Mairie,
A la Fontaine de la Mairie.
6
Peut-être avez-vous vu
Yozan au fond de l'eau.
Il dit Nozay, c'était bien avant,
Mais c'est encore mieux maintenant,
Mais c'est encore mieux maintenant.
Les Korrigans artisans
L'été dernier, on s'était aperçu que de drôles de choses se passaient au Vieux Bourg de Nozay. Sur les chantiers, les artisans découvraient le matin que le travail de la journée était déjà fait et bien fait.
Bien sûr, je ne les crus pas, mais je ne pus faire que le constater. Ca arrangeait d'ailleurs bien les artisans qui n'avaient plus qu'à imaginer le travail pour que le lendemain matin, il soit réalisé.
Mais comment l'expliquer. Un soir, au lieu d'aller dormir dans mon lit, je me suis blotti dans le haut de la charpente de la vieille église et je n'ai plus bougé.
Juste après le dernier des douze coups de minuit, j'entendis un frottement sur le haut du mur près de la sacristie. Puis des bruits de pas se firent entendre. Quelqu'un d'autre avait-il eu la même curiosité ?
Les pas se rapprochèrent des outils qui étaient disposés au milieu du chantier. Non, ce n'était pas un autre observateur, ce devait être toute une équipe qui commençait à remuer. Et rapidement, les marteaux se mirent à cogner les ciseaux pour tailler les pièces de bois.
Puis, la lune s'est levée. J'ai pu alors distinguer de petits bonhommes à peine plus grands que la main. C'était des korrigans qui s'activaient en tout sens pour avancer le chantier.
Le chef à barbichette jouait à l'architecte. Il tendait le bras par ici, puis par là. Il avait les yeux partout.
Le conservateur protégeait les peintures des poussières et de toutes les maladresses.
Le métreur faisait des relevés et toute une série de calculs compliqués. Il avait même un appareil photo dernier-né.
Le charpentier, avec des mouvements précis de son herminette, savait former les pièces de bois pour qu'elles soient bien ajustées.
Le maçon savait remettre des pierres là où il en manquait.
L'astucieux devait trouver la solution quand il n'y en avait plus.
Le costaud voulait soulever tout ce qui était cent fois plus lourd que lui.
Le farceur amusait la galerie.
Le rouspéteur n'était pas d'accord avec tout.
Et d'autres encore. Ils étaient douze sur le chantier, douze korrigans qui avaient décidé de réparer les outrages des années
J'étais hypnotisé par leur dextérité : Que de bel ouvrage avalé ! Tout d'un coup, un pigeon battit des ailes près de moi. Surpris, je fis un mouvement pour l'éviter. Mais là, les lutins m'avaient repéré. Ils s'approchèrent en rigolant et me firent une danse pour me déloger.
A ce moment, le soleil envoya ses premiers rayons. Le lutin paresseux siffla 3 fois, et en un rien de temps, les outils avaient repris leur place et tout ce petit monde disparu par là où il était venu.
François Kammerer (août 2001)
Les Palis
Ils sont là
Rustiques
Devant nos maisons bien alignés
Entourant nos jardins de leur minérale beauté.
Ils sont là
Stoïques
Les uns contre les autres, serrés
Bordant nos chemins de campagne oubliés.
Ils sont là
Couchés
Dans la pénombre des couloirs,
Dormant au fond d'un vieux lavoir.
Ils sont là
Dressés
Les plus grands en hangar
Abritant toujours le vieux pressoir.
Ils sont là
Usés
Dans nos cours, rêvant qu'à nouveau
Vienne la caresse d'un balai de bouleau.
Ils sont là
Entassés
Le long d'un mur, face contre dos
Espérant qu'un jour on les retrouve beaux.
Ils sont là
Cachés
Dans le creux d'une vielle haie
Semblant surveiller nos gestes et faits.
Ils sont là
Brisés
Se sentant inutiles désormais
Préférant disparaître sous un lierre épais.
Ils sont là
Debout
Dans le froid, face au nord
se revêtant d'un habit vert et or.
Ils sont là
Partout
Et pour longtemps encore
L'ancien et le nouveau en heureux accord.
ND
Le trésor caché
Le trésor était caché sous la terre.
Les hommes n'avaient qu'à gratter
Pour ramasser les plaques de pierres
Qui, des intempéries, allaient les protéger.
Mais qu'ils étaient de toute beauté,
Les escaliers en colimaçon
Que les artisans avaient disposés
Pour monter dans les maisons.
Tous les seigneurs aussi voulurent
Embellir la demeure de leur Dulcinée :
Avec des linteaux en accolade et des moulures
Et des montants de fenêtres chanfreinées.
La pierre avait encore d'autres usages :
Des parapets, des clôtures, des poteaux
Pour porter huîtres, raisins et autres objets du ménage
Ou encore des timbres pour les animaux.
Aujourd'hui encore, la pierre fraîche cachée
Attend les sculpteurs qui sont fiers
D'embellir notre décor public ou privé
Et persister le savoir-faire de la pierre.
François Kammerer (août 2001)
La chaleur de la cheminée
Le feu semblait éteint,
la vieille planche mise dessus
ne provoqua apparemment aucun effet.
Il faudra refaire le feu se dit-on
mais doucement un filet de fumée
se décida à s'élever dans le conduit de la cheminée.
Le filet devint colonne de volutes de plus en plus épaisses
mais rien de plus ne se passa.
Quand le feu recommencera-t-il donc
à chauffer la salle à manger ?
Et tout d'un coup, dans un jaune rougeoiement,
les flammes joyeuses reprennent vie,
illuminent la pièce dans un doux crépitement
et réchauffent nos membres engourdis.
Mario le 1er novembre 2004
La légende de la Croix Merhand
Complainte Populaire
sur l'air de la Paimpolaise
I
Venez écouter la légende
Du Sorcier de la Croix Merhand
A force de courir la lande
Il a fini comme un brigand -
Tué par le serpent
Au moulin Toulan.
Refrain
C'est une très ancienne histoire
Qui fut jadis en grand renom
Elle est authentique et notoire
A Nozay en pays Breton.
II
Jadis à travers la campagne
Quand le seigneur de Cornullier
Chassait le cerf ou sa compagne
A travers les champs, les halliers
A la Croix Merhand
Il venait souvent.
IlI
En bordure d'une clairière
Et tout proche le vieux chemin
Se dressait une humble chaumière
Dont on ne voit presque plus rien
Là vivait d'antan
Un bon paysan.
IV
La terre nourrissait son monde
Les vieux tout comme les enfants,
Mais voilà t'il pas qu'à la ronde
Pullulent soudain les serpents
Des petits, des grands
Tous plus effrayants.
V
On en trouvait dans les bruyères,
Dans tous les coins de la maison
Ils piquaient les vaches laitières
Faisaient périr le pauvre ânon
Semant la terreur
Chassant le bonheur
VI
Le Fermier connut la misère;
Voyait venir le désespoir
Partout la méchante vipère
Régnait du matin jusqu'au soir
Quand parut soudain
Le sorcier malin.
VII
C'était un misérable hère
Un vieux clochard de. l'ancien temps
Moitié bandit, moitié trouvère
Comme en ont connu tous les temps
Un fameux luron
Du pays Breton.
VIII
Faire disparaître la vipère
Dit-il à notre bon fermier
C'est pour moi bien petite affaire
Si tu veux bien un peu m'aider
Pour la fin du jour
Allume ton four.
lX
Appelle-moi toutes les terres
De Messire de Cornullier
N'en omet point mille tonnerres
Car nous irions tous au charnier
Le fermier docile
Lui dit c'est facile.
X
A l'appel de chaque domaine
Les serpents entrent dans le four
De tous les bois et de la plaine
Ils arrivent chacun leur tour
Sous l'oeil du sorcier
Mourir au brasier.
XI
Bientôt l'opération s'achève
Le dernier serpent supplicié,
Et la voix du Sorcier s'élève
Fermier n'as tu rien oublié?
Mais un bruit affreux
A jailli près d'eux
XII
Faisant tressaillir la ramure
De formidables sifflements
Pour venger sa progéniture
S'élance le Roi des Serpents
S'enfuit le fermier
Itout le Sorcier.
XIII
Sans hésiter vers la -prairie
Le vieux Sorcier court à grands pas
Et tâche de sauver sa vie
Maintenant bien près du trépas
Mais le gros Serpent
Vite en fait autant.
XIV
La poursuite lut effrayante
Le pauvre diable vint mourant
La poitrine toute haletante
Tomber au moulin de Toulan
Le Serpent piqua
Le vieux trépassa.
XV
Le meunier garda sa mémoire
Et dans le granit fit graver
Le gros Serpent de notre histoire
Près du blason des Cornullier
Seigneur de Toulan
De la Croix Merhand.
XVI
Gens de la Ville et de la campagne
Rappelez vous le souvenir
De ce vieux conte de Bretagne
Quand vous irez vous réjouir
Un jour en passant
A la Croix Merhand.
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